La mission solaire de LEK s'est déroulée durant deux mois, en novembre et décembre 2003. La majorité de la mission a eu lieu en milieu urbain, à
El Alto, la banlieue de La Paz, la capitale de la Bolivie où LEK a installé deux fours solaires dans un centre d'hébergement pour enfants et a proposé
des animations solaires. C'est lors de ce voyage que LEK a rencontré ces nouveaux partenaires, le Projet "Mi Casa" qui travaille
avec les enfants des rues. Cette collaboration naissante a été possible grâce au soutien des équipes bolivienne et péruvienne de Bolivia Inti,
une association française que nous connaissions depuis la France. Entre sensibilisation, démonstrations solaires, apprentissage, formation et équipement, la
mission solaire de LEK s'est révélée très enrichissante et porteuse de projets pour l'avenir.
I. Les fours solaires, entre construction et démonstrations
1. Deux fours solaires grâce à Bolivia Inti
L'impératif de la mission solaire a tout d'abord été de trouver des fours solaires sur le continent sud américain. Cette étape du projet a été facilité grâce à Bolivia Inti avec qui LEK avait noué contact en France avant le départ. L'association française a deux équipes locales, une en Bolivie et une au Pérou qui organisent des stages de construction de fours solaires en milieu rural et en milieu urbain. Quand une vingtaine de participants d'un même village ou d'un même quartier sont inscrit, l'équipe de Bolivia Inti va sur place avec des fours en kit et chaque particulier apprend à construire et à utiliser son propre four. C'est donc ce que LEK a fait. Il y avait fin octobre-début novembre 2003 un blocus en Bolivie, "la guerre du gaz" où la population refusait la vente du gaz bolivien aux Etats Unis et pour ce faire, les routes étaient entièrement bloquées. Comme il était impossible de pénétrer dans le pays, c'est au Pérou, dans la peite ville de Puno, au bord du Lac Titicaca, près de la frontière bolivienne que Virginie Sellet de LEK est partie construire un premier four solaire. C'était la première fois qu'une Française participait "en tant que participante" à un stage de Bolivia Inti. Grâce au très bon accueil de Bolivia Inti et sa volonté de partager son savoir-faire avec d'autres, ce premier stage a permis d'approfondir les connaissances pratiques et techniques de LEK et de commencer réellement l'expérimentation de la cuisine solaire.
LEK a ensuite participé à un autre de stage de Bolivia Inti, avec l'équipe bolivienne cette fois, en tant que volontaires. L'atelier avait lieu dans un petit village de l'altiplano, à quelques 4000 mètres d'altitude et à environ 4h00 de route de La Paz. LEK a aidé les participants et surtout les participantes à monter leur four et à nouveau, l'association a beaucoup appris elle-même. LEK a ainsi acquis de nouvelles connaissances solaires et un deuxième four. Les deux fours de Bolivia Inti ont coûté 55 Euros ce qui correspond au prix des matériaux achetés sur place. LEK remercie Bolivia Inti qui lui a permis d'acheter des fours solaires au prix local.
2. Démonstrations solaires et sensibilisation en public
Dès l'acquisition du premier four, il était important de tout de suite expérimenter la cuisson solaire et de faire des démonstration en public pour évaluer l'intérêt des population pour l'énergie solaire. Une première semaine a été consacrée à l'expérimentation à l'Ile du Soleil, sur la Lac Titicaca, endroit idéal, à quelques 4500 mètres d'altitude, avec un ciel bleu pur et une famille d'accueil curieuse. Des recettes solaires ont été expérimentée avec trois professeurs du collège de Yumani, le village du sud de l'île. La soupe est la base de tout repas bolivien et elle cuit parfaitement bien dans le cuiseur solaire. Dès 7h30 le matin, le soleil était chaud. Pas besoin de s'y prendre beaucoup à l'avance pour cuisiner, en deux heures les plats étaient cuits. Les professeurs ont été très impressionnées par la cuisson solaire et ont appris à fabriquer des cuiseurs à panneaux en carton pour faire faire à leurs élèves.
D'autres démonstrations solaires ont été faites en public comme par exemple sur une place publique du quartier Ciudad Satellite à El Alto de La Paz. Les élèves d'un collège présentaient toute une exposition sur la préservation de l'environnement et ils avaient demandé à LEK de participer à cette journée. Les deux jours, LEK a préparé du poulet solaire. avec un plat ouvert et quelques légumes autour de la viande, la démonstration est très impressionnante puisqu'on voit le poulet brunir et la sauce mijoter. Des dizaine de visiteurs, des parents d'éléves pour la plupart sont venus poser des questions et demander comment se procurer un four. LEK leur a, à tous, transmis les coordonnées de Bolivia Inti.
La plupart des autres démonstrations et animations solaires se sont déroulées au Projet "Mi Casa" où les deux fours solaires ont été laissés.
II. Le Projet "Mi Casa" et l'énergie solaire
Le Projet "Mi Casa" agit avec les enfants travailleurs et les enfants des rues sur El Alto, une ville sur les hauteurs de La Paz qui compte un million d'habitants et qui s'est construite en une vingtaine d'années sans aucun plan d'aménagement du territoire. Ce sont en majorité les migrants issus de l'exode rural et les populations défavorisée qui y vivent dans la précarité et la misère sociale. De nombreux enfants sont obligés de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. D'autres ont élu domicile dans la rue pour causes de violence familiale ou de pauvreté. Le Projet "Mi Casa" propose des repas et des douches chaudes, aident les jeunes travailleurs à défendre leurs droits, accueille des enfants des rues, les scolarise et les ramène à une vie digne.
Tout a commencé par une rencontre avec la Directrice du centre "Mi Casa". Soucieuse de la préservation de l'environnement et en demande de soutien pour son centre d'éducation, Liliam a tout de suite montré un grand intérêt pour l'énergie solaire. Toute une série d'actions et d'activités ont alors été mises en place avec et pour les jeunes du Projet.
1. Deux fours solaires dans la maison du quartier Santiago II d'El Alto
Une dizaine de jeunes, entre 11 et 17 ans, anciens enfants des rues vivent dans la maison Santiago II du Projet "Mi Casa" avec des éducateurs et une cuisinière. Le Projet tente toujours avant tout la réinsertion des enfants dans leur milieu familial mais ça n'est pas toujours possible. Certains jeunes vivent à Santiago II depuis leurs six ou sept ans. Chaque jour, une cuisinière vient préparer les repas du midi et du soir. Le gaz coûte cher en Bolivie et c'est une charge lourde pour le Projet "Mi Casa" qui ne touche de subventions que d'une petite ONG espagnole. L'acquisition de deux cuiseurs solaires aide non seulement à faire des économie mais elle permet également aux jeunes d'apprendre à cuisiner eux-même pour les samedis et dimanches où la cuisinière est absente.
Une formation en cuisine solaire de la cuisinière et des jeunes de Santiago II a accompagné l'équipement de la maison. Et un suivit a été mis en place pour assurer une bonne utilisation des cuiseurs solaires. Miriam Illanes, cuisinière solaire de Bolivia Inti est chargée de ce suivit de six mois. En attente de la nouvelle saison de Bolivia Inti qui commence généralement vers mai, elle a accepté d'aller une à deux fois par mois à Santiago II pour cuisiner avec les jeunes et la cuisinière. Ancienne professeur de chimie, elle s'investit également personnellement là-bas puisqu'elle propose du soutien scolaire aux jeunes du Projet qui ont quelques difficultés en sciences.
Les jeunes ont tout de suite été très réceptifs à la cuisson solaire. Ils ont immédiatement cherché à faire des expérimentations avec des oeufs à cuire ou de l'eau à chauffer. La cuisinière, un peu timide au début s'est aussi familiarisée avec la cuisson solaire grâce en particulier à l'approche très pédagogique de Miriam.
Les jeunes se sont ensuite totalement appropriés les cuiseurs solaires en les peignant et décorant à leur goût. Et des animations solaires ont été organisées avec eux et les jeunes travailleurs.
2. Démonstrations culinaires et animations solaires au Projet "Mi Casa"
Avant d'installer les deux fours dans la maison Santiago II, LEK a fait toute une série de démonstrations solaires sur les différents lieux du Projet "Mi Casa". L'auberge, situé à La Ceja, le centre ville d'El Alto est un lieu d'accueil pour les jeunes travailleurs. Chaque jour, une cinquantaine de jeunes entre 7 et 18 ans viennent déjeuner le midi et se doucher. Il n'est pour le moment pas envisageable d'équiper ce centre en fours solaires car la cour est trop petite pour accueillir les cuiseurs assez volumineux (d'autant qu'il faudrait des fours spéciaux pour les collectivités). Plusieurs fois cependant, LEK a préparé des gâteaux solaires qui ont fait des heureux, des légumes et des plats en sauce qui ont impressionné les jeunes travailleurs. Beaucoup seraient d'ailleurs motivés pour apprendre à construire des fours solaires et pourquoi pas en faire une activité génératrice de revenus. Tout le personnel du Projet "Mi Casa" a aussi pu goûté la cuisine solaire et être convaincu.
A trente minutes en bus de La Ceja, le Projet "Mi Casa" possède un terrain et une petite maison, sans gaz ni électricité. Un terrain plat, près d'un petit village, où la Directrice du Projet souhaite mettre en place un lieu de repos et d'échanges pour ses jeunes urbains. Chaque semaine, des jeunes travailleurs et les jeunes de Santiago II viennent planter des arbres, arroser, bêcher et jouer au foot pour se relaxer et améliorer le terrain. LEK est allée plusieurs fois sur le terrain pour cuisiner avec les fours. En particulier, l'association a passé une semaine là-bas avec les jeunes de Santiago II,la cuisinière et les deux éducateurs. Tous les repas ont été préparés dans les fours solaires. Soupe, riz, poulet, quinoa et autres céréales... avec l'énergie du soleil ou en caisse thermique les jours couverts.
La construction de cuiseurs à panneaux en carton (cook-it) par les jeunes leur a permis de comprendre les principes de base de la cuisson solaire. Chaque jour ils ont fait de nouvelles expérimentations avec des tomates à cuire, de l'eau à purifier... La seule eau accessible sur le terrain étant l'eau du puit, la purification grâce à de simples panneaux en carton est déjà efficace. Certains cook-it ont été laissés au terrain pour les prochains séjours des jeunes.
3. Coût et durée de cette première action
Combien aura coûter cette action ?
Soit un total de 483 Euros, dont 140 Euros pris en charge par l'association. Remerciement pour le coût faible du projet : à Bolivia Inti et à tous les gens qui nous ont hébergé et aidé, en particulier la famille Quisberth à El Alto.
III. Une suite à ce projet
L'idée de cette première action était avant tout de prendre des contacts sur place pour revenir avec un projet plus sérieux. Malgré le peu de temps passé sur place, LEK a accompli une action cohérente et rencontrer de nombreux contacts dans l'éducation, l'écologie et l'humanitaire. L'association recherche des financements qui lui permettra d'avancer dans ce projet Bolivie.
1. Des douches solaires
Face aux nombreux avantages de l'énergie solaire, le Projet "Mi Casa" souhaite poursuivre sa collaboration avec LEK pour la mise en place de douches solaires sur ses
différents lieux d'action. Le Projet dépense beaucoup d'argent chaque mois dans l'électricité (environ 100 $ par mois), pour la lumière mais
surtout pour chauffer l'eau pour la cinquantaine de douches prises chaque jour par les jeunes. C'est la priorité qui est ressortie des discussions avec la Directrice du
Projet. Il faudrait des douches pour le centre d'hébergement Santiago II, pour le centre d'accueil de La Ceja et pour le terrain isolé en campagne. En Bolivie, des
entreprises privées vendent des douches solaires à environ 1500 $ l'unité. Mais nous estimons qu'en les fabriquant
nous-mêmeavec des matériaux locaux, il est possible de réaliser un système complert pour environ 300 $ :
- Un tank de 500 litres en polyéthylène : 100 $
- Quelques mètres de tube de cuivre : environ 100 $
- Une caisse de métal peinte en noir avec une vitre, pour accueillir le serpentin de cuivre : 50 $
- Des tubes en plastique, des vis... le transport des matériaux etc. : 50 $
2. L'équipement du terrain
Le Projet "Mi Casa" souhaite, à terme que le terrain soit équipé de deux maisons de quatre pièces pour accueillir les jeunes. L'objectif de la
Directrice du Projet serait de faire un genre d'écovillage pour jeunes qui pourraient même s'autofiancer en produisant et en vendant des produits (agriculture,
menuiserie...).
Au-delà de l'équipement en douches solaires (cf chapitre précédent), LEK souhaiterait participer au financement de l'écovillage :
- deux maisons de quatre pièces : environ 2000 $
- Une serre de 50 mètres carrés en adobe, pour cultiver des légumes : environ 300 $ (LEK est en contact avec une ONG bolivienne qui construit des serressur l'Altiplano)
- Un équipement d'électrification solaire : 500 $
LEK est très satisfaite de cette première mission solaire. Les membres de l'association ont pu perfectionner leurs connaissances solaires et faire leurs premières démonstrations en public. LEK a pris de nombreux contacts sur place et est particulièrement motivée par sa rencontre avec les équipes de Bolivia Inti et le Projet "Mi Casa". L'association est actuellement en train de rechercher des financements pour le mise en place de la suite des projets. La procahine mission devrait normalement porter sur la construction et l'installation des douches solaires.